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Sarah Porter va à l'école (06a)
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Adaptation française par Perverpeper

 

 

Avant-propos : Ce conte entièrement fictif est l’adaptation française de l’œuvre américaine d’un auteur dont le pseudonyme est "Garmonbozia".
Sachez que ce récit fait l’objet d’un copyright et ne doit donc pas être posté sur aucun autre site sans autorisation formelle.

PP

 

 

Sarah Porter va à l'école

 

Chapitre 06a - Dans lequel Sarah commence ses cours.

 

Sarah s’éveilla en sursaut, désorientée. Elle fit un bond dans son lit et il fallut un moment à l’adolescente décontenancée pour se souvenir où elle était. Le spectacle d’une pièce remplie de filles nues sortant de leurs lits l’aida à remettre les pieds sur terre. Leur nudité lui rappela sa propre absence de vêtements et elle tria le drap sur sa poitrine.

Elle n’en revenait pas d’avoir dormi si profondément. Elle n’avait pas rêvé, du moins si c’était le cas, elle ne s’en souvenait pas. La dernière chose dont elle se souvenait était quand elle avait regardé le plafond et entendu la Française se donner du plaisir sous les couvertures.
Elle se remit sur le dos et contempla à nouveau le plafond et le magnifique dôme vitré lui permettant de voir ce merveilleux ciel azur qui baignait la pièce des rayons du soleil matinal. Elle aperçut des nuages flotter à travers le ciel pâle du matin. Elle aurait pu rester comme ça toute la journée pour admirer ça, se dit-elle.

« Magne-toi Port, » La pressa une voix sur sa droite.

Murphy était déjà debout, son sac de toilette à la main. Sarah se redressa à nouveau et s’aperçut que la plupart des filles avaient déjà quitté le dortoir.

« L’eau est chaude à Six heures, à l’ouverture des grilles et pendant dix minutes, comme d’habitude. »

Sarah sauta presque de son lit. Elle était regrettait non seulement de quitter le confort de son lit, dont le matelas était merveilleusement agréable, mais aussi la couverture des draps. Elle redoutait de se déplacer à nouveau sans vêtements. Le stupéfiant corps dénudé de son amie à la peau d’albâtre, si près et si exposé ne contribua en rien à rassurer Sarah en ce qui concernait sa propre nudité. Elle attrapa son sac de toilette et fila vers les douches, sans oublier de s’identifier, avec un peu d’irritation, à chaque porte.

Elle rejoignit les autres filles qui savonnaient déjà leurs corps sous l’eau fumante, giclant des dix pommes de douche. Sarah aperçut la silhouette pâle de Murphy au milieu des filles, mais elle partageait déjà sa douche avec une autre fille. Il y avait une place libre avec la fille aux gros seins, Mitchell, dont Murphy lui avait parlé la nuit dernière. Elle suspendit son petit filet à son crochet, notant au passage que tous les sacs en tissu contenant leurs effets de la veille avaient été enlevés pendant la nuit.

« Salut, moi c’est Mitchell, » Lui sourit la fille plantureuse.

« Porter, » Se présenta Sarah.

« Tu es drôlement petite, » Affirma Mitchell, en baissant ses yeux sur elle sans cesser de passer ses mains gainées de bleu sur son corps.

Sarah ne savait pas trop quoi dire. Elle savait qu’elle était la plus petite parmi toutes ces filles, mais Mitchell ne mesurait qu’un mètre soixante. Ça n’était pas comme si elle la surplombait de haut.
L’adolescente enfila ses propres gants. Ils semblaient qu’ils étaient tous d’une taille unique afin que n’importe qui puisse les mettre. Elle commença à se laver, les faisant courir sur chaque parcelle de sa peau. Lorsqu’elle en arriva à son entrejambe, elle fit en sorte d’être rapide. Le gant rugueux était une sensation étonnamment agréable sur son sexe et elle ne voulait pas que les autres filles puissent s’imaginer qu’elle en profitait pour jouer avec son corps, si elle s’y attardait.

« Tu es Américaine ? » Questionna Mitchell en faisant courir ses mains sur ses gros seins.

Sarah admira leur taille. C’était sans aucun doute les plus gros de toutes les filles de Trinité. Elle devait facilement porter des bonnets taille D, mais ils étaient vraiment bien adaptés à son corps : Des épaules larges et une taille fine, c’était vraiment une silhouette de rêve.

« Oui, » Répondit Sarah sans quitter les mains de Mitchell des yeux.

Elle soulevait ses seins en faisant passer ses mains en-dessous.
Ils étaient loin d’être aussi pointus que les siens, mais ils étaient plutôt fermes et leur peau était tendue, un peu comme si elle avait du mal à les maintenir en place.

« Tu ne ressemble pas à une vraie Américaine. Est-ce que tu habites à Hollywood ? »

« Non, je vivais à Washington. »

Bon sang qu’est-ce qu’elle appelle une vraie Américaine ? Se demanda Sarah.

« J’aimerais bien vivre à Hollywood. Tu aimes étudier ? »

« Oui, »

« Pas moi. Je préfère agir, et savoir comment s’écrit le nom du premier ministre, ou qui il est, ne m’aidera pas pour ça. Tu aimes les films ? »

« Oui, j’imagine. » Répondit Sarah, légèrement déroutée par le flot de questions sans queue ni tête. »

« Moi aussi. Tu aimes Angelina ? »

« Euh… Ouais, en général. »

« Moi aussi, j’adorerais lui ressembler. Je voudrais teindre mes cheveux comme les siens mais mon tuteur me l’a interdit. Il a des idées bizarres, il ne voulait pas me laisser faire de tatouage non plus. »

« Une minute ! » Cria l’une des filles.

Dieu merci, se dit Sarah. Elle se rinça rapidement et sortit de la douche avant que l’eau chaude ne s’interrompe, retrouvant Murphy après qu’elles aient toutes deux pris une serviette sur la pile. L’irlandaise était tout sourire.

« Désolée Port, j’ai vu que tu t’es retrouvée avec Mitchell. Est-ce qu’elle a recommencé avec Angelina Jolie ? »

« Ouais ! » Répondit Sarah en grimaçant.

« Elle est complètement obsédée. »

Les deux filles éclatèrent de rire en continuant à sécher leurs cheveux. Un bruit bizarre retentit, provenant du groupe de filles nues sur sa gauche. Elle regarda Murphy, les sourcils dressés.

« Le séchoir, » Répondit-elle à la question muette. « Il n’y en a qu’un et nous essayons de ne pas y passer trop longtemps, tu as intérêt à les sécher le plus possible avant. »

« Pourquoi ne fonctionnait-il pas hier au soir ? »

« Ils ne le laissent fonctionner que pour la douche du matin. C’est un truc bizarre, c’est juste un gros tube qui sort du mur, mais ça fait très bien le boulot. Je brosse mes cheveux et j’utilise ma serviette pendant que j’attends, alors je n’ai plus qu’à finir le travail avec lui. »

Sarah et Murphy récupérèrent leurs brosses et attendirent leur tour. Tandis que les autres filles commençaient à se disperser, elle put enfin apercevoir l’engin bourdonnant. La description de Murphy était particulièrement exacte. C’était une grosse pièce de tuyau strié qui sortait d’un trou dans le mur, près du sol.

Le tuyau mesurait environ un mètre cinquante de longueur. On apercevait une section de plastique qui était soulevée pour mettre à jour le trou dans le mur sur lequel il était branché. À cet instant, il était utilisé par une jeune fille asiatique qui était penchée en avant pour permettre au tuyau d’atteindre ses cheveux.

Sarah attendit une minute ou deux, jusqu’à ce que l’asiatique ait terminé, et ce fut au tour de Murphy. Elle regarda son amie se saisir du tube et se pencher en avant pour se mettre à sécher les restes d’humidité de son épaisse chevelure rousse.
Elle ne put s’empêcher de remarquer les lèvres roses de son sexe qui dépassaient entre ses cuisses. Elle n’avait pas de poils sur le sexe lui même, mais juste une petite touffe de boucles rousses sur le pubis.
La jeune fille jeta un regard circulaire autour d’elle et revint plus attentivement sur le sexe de son amie. Elle n’en voyait que les grandes lèvres, les plus délicates étant encore entièrement masquées. Sarah était sûre que les siennes seraient visibles de la même façon lorsque se serait son tour de se sécher et cette simple idée la fit rougir.

Ne voulant pas passer pour une sorte de vicieuse, elle fit un pas de côté, mais là aussi elle fut confrontée à la vue des petits seins d’un blanc pur qui pendaient sur le corps penché de l’adolescente, et dont les veines bleu pâles se distinguaient à travers la peau couleur d’albâtre.
Elle regarda les cheveux ardents de Murphy voleter par vagues autour de sa tête et de son corps plié en deux. C’était digne du plus beau film de cinéma, pensa-t-elle.

Murphy se redressa et tendit le tube à Sarah. Avec hésitation, celle-ci se pencha en avant et commença à sécher ses cheveux, n’ignorant pas le spectacle qu’elle offrait aux filles qui attendaient derrière elle. Elle se concentra sur son séchage et fit le plus vite possible afin de pouvoir se redresser rapidement et sortir de là. Enfin sèche, elle tendit le tube à la fille suivante et se dirigea vers les miroirs pour finir de se coiffer.
Force lui était de reconnaître que le souffle avait fait gonfler ses cheveux, leur conférant un splendide aspect soyeux. Ils tombaient en cascade sur ses épaules et lui donnaient même l’impression de sortir de chez le coiffeur. Ils n’étaient pas encore suffisamment longs pour recouvrir sa poitrine, mais leurs pointes frottaient sur le haut de ses seins.

Sarah sortit de la salle d’eau, attrapant son sac au passage. Lorsqu’elle fut de retour dans le dortoir, elle remarqua qu’il y régnait une activité semblable à celle d’une ruche. Ses camarades de classe se trouvaient à différents stades de nudité. C’était vraiment un spectacle particulier de voir toutes ces filles s’habiller de la même manière et exactement dans le même ordre : Chaussettes, chaussures, culotte, soutien-gorge, jupe, chemiser et cravate.

Sarah se dirigea vers son armoire et commença à s’habiller à son tour. Bientôt, elle se trouva à nouveau perchée sur ses talons, la sensation de la veille se reproduisit dans ses mollets, mais ne lui sembla pas aussi forte.
N’empêche que la journée ne fait que commencer, pensa-t-elle. Au moins nous allons pouvoir nous asseoir pendant les cours, se consola-t-elle. Et elle enfila sa culotte, en se demandant ce que la journée leur réservait.

« Alors Murph, qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? »

« Le petit déjeuner est à Sept heures pile. Nous devrons nous trouver dans le réfectoire à ce moment là. Nous sommes servies avant toutes les autres filles, ce qui est très bien. Mais aujourd’hui c’est différent, j’imagine qu’après ça, nous aurons cours. Jusqu’à présent nous avons passé la plupart de nos journées ensemble, quasiment tout le temps dans le salon, alors je ne sais pas trop. »

Sarah continua de s’habiller, ajustant sa poitrine dans le soutien-gorge et mettant rapidement sa jupe, son corsage et sa cravate. Elle avait remarqué que toutes les filles qui avaient les cheveux longs les avaient réunis en queue de cheval, elle prit donc le bandeau dont on l’avait munie et fit de même, laissant deux petites mèches de chaque côté de son visage, car elles étaient un peu trop courtes pour se loger sous l’élastique.

Puis, elle alla rejoindre Murphy devant le grand miroir au bout du dortoir. C’était la première fois qu’elle pouvait se voir en uniforme. Quel spectacle. De la tête aux pieds elle était le parfait exemple de la petite écolière. Et elle dût admettre qu’elle se trouvait très mignonne, vêtue de cette façon. En fait, elle doutait que n’importe qui de son ancienne école la reconnaisse sans les vêtements bouffants qu’elle portait alors.

Ses jambes étaient minces et les talons hauts les faisaient paraître encore plus élégantes. Le mariage des couleurs lui donnait un look plus que sexy : Chaussettes blanches jusqu’au genou, puis la peau de ses cuisses jusqu’au bleu de sa jupe plissée. Le corsage était serré autour de sa poitrine et les jolies manches hautes sur ses bras accentuaient sa gracilité.

Sarah se regarda dans les yeux. Elle se trouva vraiment jolie avec son petit nez en forme de bouton, ses lèvres pulpeuses, sa petite bouche, et enfin ses grands yeux marron. Malheureusement l’ensemble était gâché par l’étiquette qui pendouillait à son oreille gauche. Sarah ne put s’empêcher de la scruter. C’était le seul bijou qu’elle portait et il était plus que visible lorsqu’elle avait les cheveux tirés.

« Waow Port, c’que t’es mignonne. » Observa Murphy qui se tenait à côté d’elle en la fixant dans le miroir.

« Merci Murph, » Rougit Sarah. « Toi aussi. Tu pourrais être mannequin. »

Ce n’était pas que de la flatterie, Sarah trouvait que l’adolescente Irlandaise était l’une des plus jolies filles qu’elle ait jamais vu, encore plus séduisante que la moitié de ces soi-disant top-modèles rachitiques.

« Ah Port, je n’en suis pas si sûre. Je ne vois pas qui pourrait aimer ça, avoir ces adultes tordues sur le dos, à longueur de journée, et se balader dans ces tenues provocantes. »

Elles éclatèrent de rire et sortirent du dortoir en faisant biper leurs étiquettes tour à tour, prêtes à affronter leur premier jour d’école.

« On ne fait pas nos lits ? » Demanda Sarah en désignant les dix-huit matelas défaits.

« Nan, c’est la bonne qui s’en charge. C’est génial, on se croirait dans un hôtel. On ne l’a jamais vue mais une ou deux filles l’ont aperçue un jour. Elle était dans son propre uniforme, elle aussi. Tu sais, le genre noir et blanc qu’ils portaient dans le temps, avec la petite coiffe et tout ça. Ça devait être trop marrant. » Raconta Murphy avec enthousiasme.

Toutes les filles étaient déjà éparpillées dans le salon, assises sur les estrades, ou réunies par petits groupes.
Sarah se demanda pourquoi elles ne s’étaient pas encore parties vers le réfectoire. Elle s’en ouvrit à son amie.

« Et bien, nous avons rendez-vous ici avant Sept heures, mais nous avons un quart d’heure d’avance. On peut venir plus tôt si on veut mais pas trop tôt quand même. Quelques filles ont eu des problèmes parce qu’elles s’étaient réunies ici trop tôt. Elles ont eu une infraction chacune à cause de ça.

« À quoi ça sert, ces infractions ? Elles sont inscrite sur notre dossier mais à quoi ça nous expose ? Des heures de colle ou quelque chose comme ça ? »

« On ne sait pas trop. Nous en avons toutes une. La plupart d’entre nous, en tous cas. Je crois que Mitchell en a deux. »

Le cœur de Sarah faillit rater un battement. La plupart des filles en avait une, avait-elle dit. Mais combien en avait-elle elle même ? Neuf ou bien était-ce dix ?

« Et toi, tu en as combien, Port ? Probablement aucun, vu que tu n’es ici que depuis une demi-journée. »

« Euh… J’en ai dix, je crois. » Répondit l’adolescente d’un air penaud.

« Bon dieu de merde ! » S’exclama son amie. « Je suis désolée. Peut-être que ça n’est pas si grave puisque les cours n’ont pas encore commencé. » Ajouta-t-elle sans grande conviction.

« Chut ! Voilà Miss Peach qui arrive ! » Chuchota l’une des filles.

Toutes les pensionnaires se mirent immédiatement au garde-à-vous. En une seconde l’humiliation de la veille resurgit brutalement au premier plan dans l’esprit de Sarah.

« Que se passe-t-il ici ? » Beugla Miss Peach, « Pourquoi n’êtes-vous pas en rang ? Vous n’êtes pas ici pour vous prélasser ! L’école à commencé. N’avez vous pas lu votre règlement ? Vous êtes d’une indolence ! Mettez-vous en rang immédiatement ! Sur deux rangées, face à la porte d’entrée de Un à Neuf ici, et de Dix à Dix-huit là. »

Il y eut une agitation frénétique et les filles s’alignèrent aux endroits désignés, en fonction de leurs numéros de lit.

« Rangée de droite, serrez-vous à gauche, plus près de l’autre rangée ! Encore ! Jusqu’à ce que vous vous touchiez presque ! Commanda la Maîtresse d’internat.

Le son de sa voix sévère se mêla au trépignement de neuf paires de talons se déplaçant sur le parquet.

« Resserrez ces lignes, comblez-moi ces vides ! Vous devez presque toucher la fille qui se trouve devant vous ! »

À nouveau le piétinement se produisit, tandis que les filles faisaient de petits pas pour combler les vides, créant deux lignes parfaites d’uniformes identiques.

« Avant de scanner votre identité, vous annoncerez à voix haute et intelligible votre numéro. Si vous constatez la moindre différence entre votre numéro et celui qui s’affiche sur le scanner, vous devrez m’en rendre compte immédiatement.
Maintenant, du fait de votre paresse, vous allez devoir vous presser pour être à l’heure au réfectoire. Je veux vous voir vous déplacer en ordre, sans rompre les lignes et sans courir.
Lorsque vous aurez nettoyé après votre petit-déjeuner vous me rejoindrez ici. Et que ça saute ! »

La première fille partit comme une flèche, annonçant rapidement son numéro, scannant son étiquette et se repositionnant aussitôt dans le couloir. Chaque fille suivit, comme dans un jeu ou l’on doit suivre son leader.
Puis, le long du couloir et des deux rampes d’escalier, les deux rangées de filles s’allongèrent et serpentèrent jusqu’aux portes du réfectoire où elles se reformèrent.

Sarah espérait désespérément qu’elles arriveraient à temps, redoutant que leur punition en cas de retard soit de leur faire manquer le repas, comme ça lui était arrivé la veille au soir.
N’ayant rien mangé depuis plus de seize heures, elle avait une faim de loup. Elle réalisa que si elle avait consulté l’heure avant de quitter le salon, elle serait si elles étaient dans les temps
Elle se maudit de ne pas y avoir pensé, et se promit d’inverser cette tendance.

Il y eut un CLANG métallique à l’intérieur de la cafétéria et les deux rangées s’ébranlèrent.
Visiblement, c’était le signal leur indiquant que le petit déjeuner était servi. Se dit-elle, déroutée.
Elle regarda la pendule en entrant. Elle affichait Sept heures pile. Ses camarades de classe se dirigèrent directement vers le comptoir en verre, s’emparant à tour de rôle d’un plateau qu’elles firent glisser sur les rails longeant le comptoir.

Derrière celui-ci, se tenaient quatre femmes et Sarah reconnut Madame Lancaster. Il semblait qu’il y avait trois postes. Au premier, on lui tendit un bol de bouillie de flocons d’avoine. C’était une substance visqueuse pleine de grumeaux de couleur crème. Elle en avait déjà entendu parler mais ne l’avait jamais goûté. Des volutes de vapeur s’en dégageaient. Au suivant, on lui tendit un morceau de pain mou et au troisième un verre de jus d’orange. Elle prit une cuillère en plastique et s’écarta du comptoir en suivant la fille qui la précédait.

Il semblait que les filles se dirigeaient vers le coin le plus écarté de la pièce. Lorsqu’elle y arriva, Sarah remarqua que ces deux tables étaient différentes de celles du reste de la pièce. Toutes les autres tables étaient équipées de chaises en plastique qui étaient maintenant toutes glissées sous les tables, alors que la veille, elles étaient posées en sens inverse sur les tables, parfaitement alignées, lorsqu’elle avait regardé sa préceptrice dévorer son souper tardif.

Mais celles des tables auxquelles prenaient place les filles de Trinité avaient de petits tabourets en plastique ronds qui étaient fixés de façon inamovible au sol par une rampe métallique ronde.
En prenant place, elle constata que les tabourets étaient assez loin de la table, ce qui l’obligeait à se pencher loin en avant pour pouvoir manger.

Sarah s’était assise à côté de Murphy. Elle avait placé son plateau sur la table, devant elle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle remarqua que sa position assise l’obligeait à n’avoir que la peau nue de ses fesses en contact avec le plastique froid du tabouret. Regardant les autres filles elle vit que toutes leurs jupes s’évasaient autour des tabourets, masquant totalement le siège et donnant l’illusion qu’elles étaient assises sur les barres métalliques elles mêmes. C’était une sensation étrange que d’être assise là, vêtue, mais ne reposant que sur ses fesses nues, comme si elle ne portait aucun vêtement.

« Nous pensons que c’est pour nous éviter d’user nos uniformes, mais comme nous sommes la seule Maison à être assises de la sorte… Encore un de ces trucs tordus, Port, et tu as pu remarquer qu’il y en a un paquet. » Commenta son amie en mélangeant sa bouillie.

Sarah regarda les autres filles qui mangeaient leur petit déjeuner et décida qu’il était temps de s’y mettre elle aussi. Elle se pencha en avant sur le tabouret et trempa sa cuillère dans sa bouillie. L’adolescente se rendit rapidement compte que pour manger proprement, il lui fallait passablement se pencher, ce qui l’obligeait à écarter un peu les genoux pour garder son équilibre. La première cuillerée qu’elle porta à sa bouche avait un aspect répugnant. Honnêtement, ça ressemblait à quelque chose qui avait déjà été mâché et recraché, mais ça sentait plutôt bon et lorsque finalement elle eut goûté, elle trouva ça plutôt bon et fut agréablement surprise. C’était sucré et bon, à mille lieues de ce qu’elle s’était imaginée.

Rapidement, elle fit comme les autres filles et dévora goulument son petit déjeuner succinct. En peu de temps son bol fut presque vide et elle se servit de son épais morceau de pain mou pour nettoyer consciencieusement son bol.

Elle dut admettre que, même s’il lui aurait été difficile d’être plus mal assise, elle avait rarement mangé quelque chose d’aussi bon. Elle goûta son jus d’orange et se régala. La pulpe n’avait pas été ôtée, juste comme elle l’aimait. Soudainement, les autres filles de l’école commencèrent à franchir la porte d’entrée, seules ou par groupes de deux ou trois. Sarah se redressa sur son tabouret et observa les autres étudiantes d’Harkwood.

Elle s’apprêtait à se tourner vers Murphy pour lui poser une question lorsque son regard fut attiré sous la table. Choquée, elle découvrit qu’elle pouvait voir tout ce que la fille qui était assise en face d’elle cachait sous sa jupe. Elle distinguait parfaitement sa culotte blanche à l’endroit où elle reposait sur la base noire du tabouret et la chair de ses cuisses nues compressées sur le plastique lisse du siège. Ses yeux se déplacèrent plus loin sous la table et, malgré son angle de vue limité, découvrit deux autres petites culottes blanches encadrées par des cuisses écartées et des jupes tendues. Voilà le spectacle qu’elle avait offert pendant qu’elle prenait son petit déjeuner. Elle baissa les yeux et sentit ses joues la brûler, oubliant ses questions tant l’humiliation était forte.

Bientôt, la salle à manger fut remplie des bruits d’une centaine de filles plutôt excitées, bavardant et rigolant entre elles. Sarah termina son jus d’orange et se tourna vers Murphy qui regardait les filles des autres Maisons. Elle allait lui parler lorsqu’une fille de Trinité assise à la deuxième table se leva. Levant les yeux, elle se rendit compte que Madame Lancaster se dirigeait vers leurs tables.

Sarah se leva, recula derrière son tabouret et se mit en position d’attente. Elle regardait droit devant elle, dans les yeux de la fille qui était en face d’elle. Celle-ci lui fit un sourire des plus discrets. Sarah ne connaissait même pas son nom, il lui faudrait faire plus d’efforts durant les jours à venir pour apprendre à connaître toutes les filles de sa Maison. Elle ne pouvait pas ne sympathiser qu’avec Murphy durant tout le temps qu’elle passerait à Harkwood.

« Bonjour les filles. »

Bonjour Madame, » Entonnèrent les dix-huit filles de Trinité.

« Je sais que vous n’avez pas encore reçu votre Manuel, aussi je viens pour vous expliquer les règles du réfectoire.
C’est la Maison Trinité qui prend son petit déjeuner la première. Ceci afin de vous donner le temps de finir votre repas avant de commencer votre service de nettoyage. Dès que toutes les filles des autres Maisons sont assises et servies, vous devrez rapporter vos plateaux. Ensuite vous commencerez à nettoyer les tables au fur et à mesure qu’elles finiront de manger et s’en iront. Vous saurez quand elles auront toutes été servies quand la petite lumière rouge s’allumera au-dessus du comptoir, cela signifie que le service est fini. Il y a dix-huit postes répartis dans la cantine. Lorsque la lumière s’allumera, vous regagnez le votre et vous commencerez à nettoyer dès que vous les verrez se lever et s’en aller. Ne vous inquiétez pas, elles ne traîneront pas, elles ont elles aussi des rendez-vous à honorer. Vous placerez les plateaux vides sur le comptoir, c’est mon équipe qui s’en chargera. Une fois que les tables seront débarrassées vous les nettoierez. Puis vous rangerez les chaises sous les tables, bien calées contre le bord.

Sarah vit la jolie fille qui se trouvait en face d’elle froncer les sourcils. Visiblement les petits déjeuners ne s’étaient pas déroulés comme ça jusqu’à présent.

« Vous devez terminer votre première section d’abord, et c’est seulement à cette condition que vous pourrez passer à la section suivante. Une fois que toutes les sections seront propres, vous pourrez retourner à votre poste et attendre pendant que l’équipe fera une inspection finale. Si elles approuvent votre travail, vous pourrez vous rendre en cours. Cette salle doit être impeccable d’ici Huit heures vingt. Vous ne partirez pas tant que ça ne sera pas le cas, même si cela vous met en retard pour rejoindre vos professeurs. Et dans ce cas, ce sera tant pis pour vous. Est-ce que tout cela est bien clair ? »

« Oui Madame, » Répondirent les filles à l’unisson.

Sur ces mots, elle fit demi-tour et s’éloigna vers la cuisine.
Dès qu’elle fut partie, les filles de Trinité s’assirent lentement, comme assommées, et celles qui ne l’avaient pas encore terminé, finirent leurs petits déjeuners.

« Ouais, et ben ça craint. Il va falloir que nous nettoyions après tout le monde ? Chaque fois ? Mais ça devient complètement stupide. » Déclara une jolie blonde assise à l’autre bout de la table.

Sarah regarda les autres tables autour d’elle et les filles qui y étaient installées. Nombre d’entre elles les regardaient avec dédain et certains groupes détournaient leurs yeux et riaient, visiblement en se moquant de filles de Trinité, la seule Maison qui était traitée de cette façon.

Honnêtement, pensa Sarah, Il y a drôlement intérêt à tirer le meilleur parti possible de tout ce que l’on doit endurer. Avec un peu de chance, un placement garanti dans l’une des meilleures universités ou quelque chose comme ça.

Murphy s’assit à côté d’elle, réfléchissant silencieusement.

« À quoi penses-tu ? » Lui demanda Sarah.

« Je réfléchissais. Elle a dit après chaque repas, mais elle n’a pas dit pour combien de temps. Je me demandais si ça n’était pas assuré à tour de rôle par chaque Maison. Toutes les deux ou trois semaines par exemple, ou quelque chose comme ça. Une sorte de tour de service. Mais d’un autre côté, elle a dit qu’il y avait dix-huit postes et nous sommes dix-huit. Ça n’est certainement pas une coïncidence. J’ai bien peur que nous soyons coincées avec cette corvée pour de bon. »

« La lumière est allumée, » Chuchota quelqu’un.

Presque avec une synchronisation parfaite, toutes les filles de Trinité se levèrent, prirent leurs plateaux et slalomèrent entre les tables occupées par les autres Maisons pour aller jusqu’au comptoir, à l’autre bout de la pièce, près de l’entrée. En passant à proximité de certaines tables, elles entendirent des bribes de conversations. La majeure partie d’entre elles les concernaient et étaient peu flatteuses. Si ces tâches humiliantes n’étaient assurées que par Trinité, alors pourquoi les autres Maisons nous détestent-elles tant que ça, se demanda Sarah.

Une fois que leurs plateaux furent empilés sur le compteur, les filles s’éparpillèrent à travers la pièce, à la recherche de leur poste. Sarah et Murphy se retrouvèrent à proximité l’une de l’autre puisque leurs numéros se suivaient. Elles longèrent directement le mur et firent le tour de la pièce.

Sarah se rendit rapidement compte en quoi consistaient les postes qu’elles cherchaient. Elle lut un petit "16" inscrit au pochoir sur le sol. En continuant à suivre le mur, elles découvrirent un "7". Elles réalisèrent alors que les numéros étaient dans le désordre. Un bref regard vers les autres filles leur apprit que les autres avaient compris la même chose. Une révélation collective. La seule à avoir trouvé son poste était l’asiatique.

Sarah et Murphy se mirent à se déplacer plus vite, continuant à suivre le mur, essayant de procéder systématiquement afin de trouver leur poste le plus vite possible.
Mitchell paniqua et se mit à traverser la pièce d’un côté à l’autre. Malgré la sympathie que lui inspirait la fille, elle ne pouvait se permettre de gaspiller son temps à l’aider.

Enfin, il y eut un "3". Murphy attrapa la main de Sarah et la serra avant de se mettre au garde-à-vous, dos au mur. On ne le leur avait pas demandé, mais ça semblait logique, avec le personnel administratif et les préfètes qui pouvaient venir au réfectoire.
Sarah passa encore deux numéros non occupés et un troisième sur lequel se trouvait la grande fille aux cheveux bruns, avant de trouver enfin un "4" imprimé sur le sol. Elle adopta consciencieusement la position d’attente. Elle jeta un rapide coup d’œil sur la pendule, il était Sept heures quarante six. Il ne lui restait plus qu’à attendre en espérant que les filles encore attablées se presseraient de terminer leur petit déjeuner, car elle n’avait aucune idée du temps que cela leur prendrait pour ranger toutes ces tables.

Elles n’eurent pas à attendre longtemps avant que les filles commencent à se lever de table et à sortir de la cafétéria.
Sarah surveillait sa section, attendant qu’une table soit entièrement libre. Il était Sept heures cinquante quatre lorsqu’elle commença son rangement en redoutant de ne pas arriver à terminer l’intégralité de la salle dans les vingt minutes maximum dont elles disposaient.

Elle collecta les bols, couverts et verres sur un plateau qu’elle empila sur ceux qu’elle venait de libérer. Puis, elle s’empara des neuf plateaux et de leur contenant et fila vers le comptoir en prenant soin de les tenir suffisamment loin de son chemisier pour ne pas risquer de le tâcher. Plusieurs autres filles avaient procédé de la même manière qu’elle.

Elle fit demi-tour et retourna en courant jusqu’à son poste pour s’occuper des tables restantes. Les dernières étudiantes quittaient la pièce, laissant Sarah et ses camarades courir à droite et à gauche pour desservir leurs sections. En revenant pour la deuxième fois au comptoir, elle aperçut Mitchell revenir elle aussi, mais avec un seul plateau dans chaque main. Sarah n’en revint pas. Cette imbécile ne ramenait que deux plateaux à la fois. À ce rythme, elle en aurait pour toute la matinée.

« Mitchell ! Empile les plateaux les uns sur les autres comme tout le monde, tu vois ? » Lui lança-t-elle en désignant les piles qui attendaient sur le comptoir.

« Merci. » Lui répondit l’autre, complètement stressée par l’ampleur de la tâche.

Prenant un torchon sur le comptoir, Sarah se demanda si Mitchell se rendait compte de sa stupidité. Elle imaginait à quel point ça devait être terrible de ne pas comprendre des choses aussi simples. Elle essuya les deux tables qu’elle venait de débarrasser et poussa les chaises en dessous, avant d’aller s’occuper de la table suivante. Elle s’était inquiétée, mais il ne restait presque plus de plateaux maintenant, et les autres filles essuyaient déjà, elles aussi, leurs tables avec le petit chiffon humide qu’on leur avait fourni.

Elle déposa le dernier jeu de plateaux sur le comptoir et termina en vitesse de nettoyer les deux dernières tables de sa section et d’en ranger les chaises. En regardant autour d’elle, elle aperçut une table d’une autre section qui n’était pas propre et s’empressa de l’essuyer et de la ranger. Il ne fallut que deux minutes supplémentaires pour que le reste du réfectoire soit terminé.
Les dix-huit adolescentes regagnèrent leurs postes et reprirent leur position d’attente. Il était Huit heures seize. Elles avaient réussi.
Ce fut un sentiment étrange, mais Sarah ressentit une immense fierté.

Madame Lancaster sortit de la cuisine, accompagnée par les trois autres femmes. Elles firent le tour de la salle, vérifiant chaque table.

« Ces chaises ne sont pas droites et il y a de nombreuses tables ou elles ne sont pas alignées. Leurs dossiers doivent être parfaitement alignés avec les table, à deux centimètre du bord. Grouillez-vous. »

Il y eut une ruée folle lorsque les filles se précipitèrent pour corriger les défauts qu’on venait de leur signaler, espérant désespérément qu’elles auraient fini à temps. Chacune d’entre elle s’occupa se sa section car il ne restait tout simplement pas assez de temps pour faire autrement.
Une minute plus tard, elles étaient de retour à leur poste, en position de garde-à-vous, espérant que la deuxième inspection leur serait favorable.
Les quatre femmes examinèrent attentivement chaque table.

« Ça ira. » Concéda Madame Lancaster. Et les quatre femmes retournèrent dans leur cuisine.

Sarah sourit et regarda rapidement la pendule. Son cœur s’accéléra en découvrant qu’il était Huit heures vingt-deux. Oui, elles avaient bien réussi à achever leur tâche, mais elles étaient en retard. Elle ne mesurait pas encore bien l’implication que cela pourrait avoir, mais avec sa propension à rater tout ce qu’elle entreprenait, il était sûr que ça n’augurait rien de bon.
Au même moment, toutes les filles réalisèrent qu’elles avaient été congédiées se ruèrent presque dans le même mouvement vers leur Maison.

Miss Peach les attendait lorsqu’elles y arrivèrent.

« Votre cours d’éducation commence à Huit heures trente. Vous avez intérêt à vous presser. Salle 2C. Allez chercher la boite portant le numéro "11" ».

Les dix-huit filles se ruèrent en même temps vers le dortoir. Il y eut immédiatement un embouteillage lorsqu’elles se bousculèrent pour s’identifier. Elles s’emparèrent de la plus grosse des deux boîtes scellées et revinrent dans le salon, croisant au passage celles qui entraient dans le dortoir en un ballet de couleurs bleues et blanches et de claquement de talons.
Encore une fois, Sarah réalisa à quel point il était important d’être à l’heure, car l’obligation de s’identifier à chaque porte qu’elles franchissaient ralentissait énormément leur progression.

Le groupe de filles détala hors du salon et descendit les escaliers.
Sarah n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvait la salle 2C, mais heureusement, le bâtiment était construit tout en longueur. Leur salle d’éducation était la troisième pièce après le pallier du premier étage. Lorsqu’elle y arriva, les filles avaient déjà commencé à reformer les rangs. Aucune d’entre elles n’avait la certitude que se soit nécessaire, mais cela s’était fait naturellement.

Il y eut beaucoup de chahut et de bousculade pour obtenir un résultat correct, car les filles arrivèrent en désordre, portant chacune la grosse boîte en carton devant elle. Il n’y avait pas de pendule dans le couloir et elles ne purent savoir si elles étaient en retard ou bien si elles allaient devoir attendre.
Les deux rangées d’adolescentes venaient à peine finir de se former lorsqu’une puissante sonnerie électrique retentit dans toute l’école.
Sarah eut beau regarder autour d’elle, elle ne put voir aucun haut-parleur mais elle était certaine qu’il y en avait au moins un et que ce son étrangement assourdissant était le signal du début des cours.

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