Sarah Porter va à l'école (04) |
Adaptation française par Perverpeper
Avant-propos : Ce conte entièrement fictif est l’adaptation française de l’œuvre américaine d’un auteur dont le pseudonyme est "Garmonbozia".
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PP
Sarah Porter va à l'école
Chapitre 04 - Dans lequel Sarah fait le tour de l’école.
Sarah courut pour rattraper sa préceptrice. Ses talons l’obligeaient à faire de petits pas, ce qui fit durcir ses tétons bien avant qu’elle n’arrive à sa hauteur. Elle s’y était résignée, mais trouvait tellement indécent que l’on puisse les voir pointer effrontément à travers le tissu de son corsage.
Ayant rejoint Miss Harper, il lui fallait faire le double du nombre de pas qu’effectuait celle-ci, pour rester à son niveau. Elle se tint un mètre derrière elle, légèrement sur sa gauche et fit de son mieux pour suivre le rythme imposé.
Elles traversèrent de nombreux couloirs et la jeune fille observait autour d’elle, admirant la décoration luxueuse de la vieille bâtisse, restant attentive au moindre indice ressemblant de près ou de loin à des toilettes tant son envie devenait urgente. Après avoir traversé bon nombre de halls et être repassées devant le bureau de la directrice, Sarah était à bout. Elle n’avait aucune idée de la disposition de l’école et mourrait d’impatience de trouver les toilettes. Elle aurait bien voulu savoir si chaque pas les en rapprochait ou, au contraire, les en éloignait. En désespoir de cause, elle prit son courage à deux mains et se décida à poser la question.
« Excusez-moi Miss Harper, mais est-ce qu’on pourrait passer aux toilettes, s’il vous plaît, j’ai vraiment besoin d’y aller. » Demanda-t-elle d’une toute petite voix.
« Tu aurais du y penser quand nous sommes sorties de l’infirmerie. Elles étaient juste à côté. Maintenant, il faudra que tu patientes jusqu’à ton dortoir. Alors viens, par ici nous allons commencer la visite par l’entrée de l’école. Je ne te montrerai que les secteurs principaux car il y a certains endroits que tu n’as pas besoin de connaître et d’autres que tu découvrira par toi même dès que tes cours commenceront. »
Bientôt, elles arrivèrent dans l’entrée, avec ses énormes portes en bois fermées et verrouillées. Pour la première fois elle, elle put découvrir ces lieux qu’elle n’avait qu’à peine entrevus à travers les fenêtres du bureau de la directrice.
Il faisait maintenant sombre, et elle pouvait distinguer l’obscurité à travers les grandes verrières qui surplombaient les portes.
Il ne devait plus être loin de dix-neuf heures, maintenant. Elle avait déjà eu une très longue journée. Elle n’avait que très peu dormi durant le vol et, même si elle s’était légèrement assoupie dans le taxi, la pauvre fille était épuisée. Toutes les humiliations qu’on lui avait infligées depuis qu’elle avait mis les pieds à Harkwood, et qui s’étaient répétées à un rythme infernal, n’avaient fait que l’éreinter encore plus, à la fois mentalement et physiquement.
« Stop Porter. Reste là et mets-toi face à l’école. »
Sarah se mit docilement en position d’attente, regardant droit devant elle à travers la longue pièce. À sa droite, se trouvait un escalier monumental qu’elle pouvait voir aboutir sur un palier au premier étage, et qui continuait visiblement vers un deuxième et probablement un troisième étage. Droit devant elle se trouvaient plusieurs ouvertures à travers lesquelles elle ne put rien voir malgré un bon éclairage.
« C’est en haut que sont les dortoirs de toutes les Maisons – Medea, Morrigan et Annan. Trinité n’est accessible que par un autre escalier situé sur l’aile gauche de l’école.
Il y a trois ailes, j’aurais d’ailleurs du commencer par ça. Ici, nous sommes dans l’aile principale. Ton dortoir, le gymnase, les cuisines, le réfectoire et les laboratoires de chimie, ainsi que, je l’imagine la plupart de tes salles de cours, sont dans ton aile.
L’aile principale contient tous les autres dortoirs et nos salles de cours.
Quant à l’aile droite, elle contient l’entrée principale, la bibliothèque des salles de cours et d’étude. Nous allons commencer par la droite.
Tandis qu’elles cheminaient, Sarah s’émerveilla des dimensions de l’édifice. En passant, elle jeta des coups d’œil dans les classes, mais la plupart étaient plongées dans le noir. Seulement une d’entre elles était éclairée et elle eut le temps d’y apercevoir qu’un aquarium.
Super, se dit-elle. C’était exactement le genre d’école dont elle avait rêvé. Un endroit entièrement consacré à l’éducation où tout était dédié à ça. C’était autre chose que ce qu’elle avait connu jusqu’à présent avec pour seul équipement, des manuels scolaires et des boulettes de papier.
Le premier endroit que sa préceptrice lui présenta était la salle d’étude. La pièce était immense, divisée en petits boxes en verre disposés le long des murs. Au milieu, se trouvaient de nombreuses tables avec un nombre incalculable de chaises de chaque côté.
Sarah était si heureuse. Elle se trouvait dans une salle immense, réservée à l’apprentissage scolaire. Étudier sérieusement était presque une injure dans son ancienne école, et être bonne élève, le meilleur moyen de se retrouver en proie aux taquineries et autres persécutions. Ici, à Harkwood, elle pourrait enfin exprimer son talent à sa juste mesure.
« J’ai pensé qu’il serait préférable de te montrer ces salles, même si tu n’auras probablement pas l’occasion de t’en servir. La maison Trinité à sa propre salle d’étude. »
Ouiiii ! Se réjouit Sarah, en applaudissant intérieurement des deux mains.
Elles quittèrent la pièce et continuèrent à suivre le couloir. À peine plus loin, elles arrivèrent à la bibliothèque.
Sarah en eut le souffle coupé. La salle était immense, à tel point qu’elle n’avait jamais vu autant de livres. Bien sûr elle avait déjà vu des photos des bibliothèques universitaires, mais elle n’avait pu qu’en rêver, s’imaginant en train de parcourir leurs longues ailes, remplies de livres.
Intimidée, l’adolescente suivit distraitement sa préceptrice jusqu’à un grand guichet qui obstruait une porte. Les nombreuses étagères bondées de livres l’impressionnaient.
DING !!!
Sarah sursauta. Miss Harper venait de faire tinter la cloche métallique qui se trouvait au milieu du guichet.
« La bibliothèque est ouverte de Sept heures jusqu’à Vingt-deux heures, sept jours sur sept. La bibliothécaire s’appelle Madame Walker. Ici, personne ne parle, bien sûr. Madame Walker est très stricte à ce sujet. »
La préfète s’apprêtait à faire sonner la cloche une nouvelle fois lorsqu’une dame extrêmement grande et majestueuse émergea d’une rangée, les bras pleins de livres. Elle les posa sur le comptoir et fixa les deux jeunes filles.
« Bonsoir Madame Walker, c’est une nouvelle étudiante de la Maison Trinité à qui je fais faire une visite. »
« Bonsoir Miss Harper, » Répondit la libraire. « Je sais qui elle est, la directrice m’a informée de son arrivée et de sa possible présence ce soir. Approchez-vous, jeune fille. » Lança-t-elle à Sarah qui se tenait en position d’attente à distance règlementaire de sa préceptrice.
Sarah s’approcha du comptoir et regarda la libraire. Elle devait avoir la cinquantaine, avec quelques mèches grises éparpillées dans ses cheveux roux qui étaient réunis en un chignon élaboré. Elle avait un style "vieille école" et Sarah trouva qu’elle représentait l’archétype de ce que devait être une libraire.
Elle fit ce qu’on lui avait ordonné et remarqua que le regard de la vieille femme s’attardait brièvement sur sa poitrine et que son visage se durcissait légèrement tandis qu’elle fronçait les sourcils.
L’adolescente devint rouge comme une tomate. Elle avait certainement remarqué ses tétons qui pointaient à travers son corsage et, visiblement, cela lui déplaisait.
Elle brûlait d’envie de lui expliquer que ça n’était pas sa faute, mais préféra rentrer dans sa coquille et soupirer mentalement.
Qui pourrait croire à ça, de toutes façons ?
« Penchez vous vers l’avant, » Ordonna la femme d’un ton sec.
Sarah rompit sa position d’attente et se pencha sur le comptoir, permettant à la bibliothécaire d’attraper la petite étiquette métallique qui pendait au lobe de son oreille et de la scanner.
Le BIP ! Redouté résonna dans son oreille, dégradant encore un peu plus l’adolescente consternée. Ce simple geste lui rappela les conditions avilissantes auxquelles qu’on lui imposait. Le seul bijou qu’on l’autorisait à porter était une étiquette comme celles qu’on utilisait pour marque le bétail.
Sarah reprit aussitôt sa positon derrière Miss Harper, tandis que Madame Walker tapait quelques informations dans son ordinateur.
« Vos permission sont en place. Ce sont les autorisations standard de la Maison Trinité. Vous aurez le droit d’emprunter trois articles des collections Soixante-deux à Soixante-six pour une durée de Quarante-huit heures. Vous faites vos choix, venez me voir pour que je les enregistre et c’est fait. Vous procédez de même lorsque vous les rapportez. En aucun cas vous ne les abandonnez sur ce comptoir. Compris ? »
« Oui Madame. »
« Bien. Il est interdit de parler dans cette bibliothèque, que ce soit dans les rangées ou aux bureaux, en dehors de ce comptoir. Cette bibliothèque est mon domaine, chaque infraction qui y est commise ici est réglée ici. Souvenez-vous bien de ça, Sarah Joséphine Porter. »
« Oui Madame, » Répondit l’adolescente intimidée à l’extrême.
Cette vieille femme était effrayante. Sarah se dit que si elle lâchait ses cheveux, elle ressemblerait certainement à une sorcière. L’image faillit la faire rire, mais un seul regard du visage sévère suffit à étouffer dans l’œuf toute velléité de sourire chez elle.
« Parfait, alors n’en parlons plus. Il n’y a rien d’autre de particulier à ajouter. Il s’agit d’une bibliothèque comme les autres et je suis certaine que vous y trouverez ce dont vous aurez besoin au moment où vous en aurez besoin. »
Harper ne perdit pas de temps et repartit sans un regard en arrière, sûre que sa pupille ne manquerait pas de la suivre.
Lorsque Sarah se retourna pour la suivre, elle réalisa qu’elle n’avait pas vérifié l’heure en entrant dans la bibliothèque. Elle consulta la pendule. Il était Dix-neuf heures douze. Connaître l’heure lui fit à nouveau penser à son besoin urgent de faire pipi. Miss Harper lui avait dit qu’elle pourrait se soulager lorsqu’elle arriverait dans son dortoir. Elle se demanda dans combien de temps ça serait.
Elle adressa une révérence rapide à la libraire qui ne lui accorda pas un regard et courut pour rattraper la préfète. Elle avait l’impression de devoir courir sans arrêt pour la suivre à la distance règlementaire.
Elles passèrent un angle de couloir et se trouvèrent devant un grand espace ouvert, face à deux grandes portes. Le couloir s’était évasé et formait une sorte d’entrée, face aux deux portes.
« Voici la grande salle, ou salle principale. » Expliqua Harper.
Elle ouvrit la porte de gauche, suivie de près par Sarah.
« C’est ici que se tiennent les assemblées. Il y en a une chaque Vendredi Matin. Il s’y produit aussi quelques conférences, des concerts ainsi que le bal annuel.
Sarah s’apprêtait à pénétrer à l’intérieur, impressionnée par la taille de la pièce, l’estrade tout au bout, la multitude de chaises, toutes alignées contre les murs, lorsque sa préceptrice lui referma la porte au nez.
« Il n’y a rien de particulier à voir maintenant, tu vois bien que c’est vide. Nous allons tout de suite passer à l’aile centrale. De toute façon, tu n’as pas besoin de visiter nos dortoirs » Décida Harper en repartant.
Cela convenait parfaitement à Sarah. Son envie d’uriner s’accentuait de minute en minute et le plus tôt elle arriverait à son dortoir, le mieux ce serait. De plus les autres dortoirs ne l’intéressaient pas et elle serait tout à fait capable de s’y retrouver sans se perdre par la suite.
La préfète maintint son rythme rapide et punitif, leur faisant traverser l’entrée principale au pas de course, pour se rendre dans l’aile gauche.
Sarah ne luttait plus que très rarement pour maintenir son équilibre. Elle avait commencé à s’habituer à ses talons et comprenait mieux maintenant pourquoi tant de femmes en portaient. Il n’était pas si difficile que ça de marcher et elle se sentait bien dedans, malgré quelques légères douleurs dues à cette nouvelle tension musculaire à laquelle elle était sûre de s’habituer très rapidement.
« Les laboratoires sont sur la gauche, on y fait de la chimie et de la biologie, » Déclara Harper en désignant un couloir sur leur gauche. Sarah n’eut que le temps de jeter un bref regard et ne vit qu’un couloir vide avec une rangée de portes fermées. La visite se résumait de plus en plus à une marche forcée symbolique.
« À gauche le gymnase et à droite les cuisines et le réfectoire. Commençons par le gymnase. » Et elle pivota à gauche, suivie docilement par Sarah.
Les portes d’entrée étaient identiques à celle de la salle principale, mis à part le fait qu’elles étaient en verre, mais la suite stupéfia Sarah. Elle s’était attendue à ce que ce soit identique au gymnase de son ancienne école, mais ça ressemblait plus à un club de fitness moderne. La grande pièce était remplie d’équipements : Tapis de course, vélos d’appartement, rameurs, tapis de course, machines pour perdre du poids et tout un tas d’appareils que la jeune fille n’identifia pas immédiatement.
Ce fut la première occasion pour Sarah de voir de voir d’autres étudiantes de Harkwood. Il y avait trois filles qui travaillaient sur différentes machines. Elles avaient toutes trois des corps athlétiques, vêtues de petits shorts de sport bleus et des hauts sans manches leur laissant le dos nu. Elle trouva ces tenues très jolies, même si elle n’avait jamais été fan de la gymnastique et avait toujours porté les vêtements les plus larges possible lorsqu’elle en faisait. Cependant, elle se dit que ça ne devait pas être trop désagréable de faire de l’exercice en étant aussi jolie qu’elles.
Harper fit un signe de la main à l’une des filles qui utilisait un tapis de course. Celle-ci lui rendit son geste.
« C’est le gymnase principal de l’école, il est ouvert de Six heures à Vingt heures. Pour pouvoir utiliser l’équipement, tu dois t’identifier quand tu rentres et aussi quand tu sors. La Maison Trinité a aussi son propre petit gymnase à l’étage, mais là tu devras t’identifier pour chaque machine. Au fond, à l’extérieur, il y a le terrain de sport principal. »
La préfète entraina la jeune fille à sa suite vers le fond du gymnase, et elles débouchèrent sur un immense terrain de sport en parquet verni. Il y avait un terrain similaire dans son ancienne école, mais celui là était beaucoup plus grand et il n’y avait pas les paniers de basket-ball habituels à chaque extrémité. Le plafond était extrêmement haut, quinze mètres au moins. Mais alors, si ils ne jouaient pas au basket-ball ici, à quels sports jouaient-ils dans ce pays ? Se demanda-t-elle.
À nouveau, la porte se referma sur elle avant qu’elle ait vraiment pu voir tout, mais d’après ce qu’elle avait entraperçu, l’école était formidablement bien équipée.
Les riches donnaient vraiment à leurs enfants les moyens de prendre un bon départ dans la vie.
S’exiler si loin pour intégrer cette nouvelle école avait extrêmement inquiété Sarah, mais finalement, elle tenait peut-être sa chance de tirer quelque chose de son beau-père. Elle espérait seulement que sa relation avec sa mère durerait suffisamment longtemps pour qu’elle puisse en bénéficier.
Elle suivit docilement sa préceptrice, retraversa le gymnase et revint à nouveau dans les couloirs. Elle ne s’inquiétait plus autant des endroits où l’emmenait la préfète, s’émerveillant plutôt du luxe que Harkwood pouvait lui offrir, malgré le tiraillement de ses tétons qui frottaient en permanence contre son corsage, lui rappelant constamment les humiliations qu’elle endurait depuis son arrivée.
Elle ferait de son mieux pour s’intégrer à la politique de l’école. Elle était même de plus en plus convaincue qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Tout cela était dégradant, bien sûr, mais elle en était arrivée à la conclusion que ce n’était que le traitement normal qu’on réservait à tous les nouveaux étudiants. En y réfléchissant, elle était sûre d’être capable de s’y faire rapidement et que tout cela lui paraitrait insignifiant une fois qu’elle s’y serait adaptée.
« Et ça, » Dit Harper en faisant tressaillir l’adolescente égarée dans ses pensées. « C’est la salle de musique. Entièrement équipée avec studio d’enregistrement et salle de répétition entièrement insonorisée ». La pièce était une merveille d’équipements électroniques, avec des instruments de musique de toutes sortes et de toutes tailles. « Tu joues d’un instrument, Porter ? »
« Non Miss Harper, » Répondit la jeune fille excitée à l’idée de s’essayer à la musique, se demandant lequel elle préférerait apprendre.
« Et bien je suis sûre que tu deviendras experte dans un ou deux d’entre eux avant d’être diplômée. » Rajouta la préfète en gloussant.
Sarah ne voyait pas ce qu’il y avait de drôle, mais elle rendit quand même son sourire à sa préceptrice, exhibant les deux jolies fossettes qui se formaient sur ses joues dès qu’elle riait.
« Impayable, » Remarqua Harper en observant la réaction sur le visage de sa pupille. « Allez, plus qu’une dernière étape avant ton dortoir. C’est parti. »
Cette fois, Sarah s’était préparée et soutint le pas de sa préceptrice durant tout le chemin, sans avoir besoin de lui courir après. Rapidement, elles arrivèrent au réfectoire. Si Sarah n’avait pas eu de bon sens, elle aurait pu jurer que c’était son ancienne cafétéria. C’était tout à fait identique : une grande pièce, remplie de tables et de chaises, un long comptoir en verre à un bout. Sarah suivit la préfète qui s’avançait vers le comptoir.
« Coucou, Madame Lancaster, » Hurla Harper, faisant sursauter Sarah.
La pièce vide faisait écho à son cri. Il y eut un bruit de vaisselle dans la cuisine et une jolie jeune femme d’une trentaine d’année en sortit.
« Bonsoir Clarice, je vous ai gardé votre souper au chaud, mais on m’avait dit que vous étiez seule. Je peux réchauffer quelque chose d’autre si vous voulez. »
« Ça n’est pas nécessaire, Madame Lancaster, ça n’est que Porter, c’est une fille de Trinité. C’est à cause d’elle que j’ai loupé le dîner, c’est ma nouvelle pupille. »
« Ah, je vois ma chère, ce sont les inconvénients du métier. Ok prenez un siège et asseyez-vous, je vais vous chercher votre souper. Spaghettis à la Bolognaise et baguette de pain, pas mal non ? »
« Hmm. Je dirais même délicieux, Madame Lancaster. Vous savez bien que les repas des dimanches soirs sont nos préférés.
Porter ! Va me chercher une chaise, que je puisse prendre mon souper. »
Sarah se retourna vers la salle vide, alla obligeamment vers la table la plus proche, prit l’une des chaises qui y étaient rangées à l’envers sur la table et la posa sur le sol. Elle n’était pas vraiment sûre d’avoir fait ce qu’il fallait, aussi se mit-elle a garde-à-vous et attendit, face à la pièce, exactement à l’endroit ou elle avait terminé la tâche qui lui avait été assignée.
Elle ne cessait de se répéter qu’elle n’aurait pas le droit de manger. Peut-être que c’était normal et qu’il était prévu qu’elle aurait un en-cas qui l’attendrait dans son dortoir. Ses yeux se posèrent sur la pendule qui était accrochée au mur, se rappelant aussitôt qu’elle avait oublié de regarder l’heure dans chaque pièce depuis qu’elle avait quitté la bibliothèque. Quatre pièces, et elle n’y avait pas pensé une seule fois. Il allait falloir qu’elle fasse mieux.
Il était Dix-neuf heures quarante. Elle réalisa que, non seulement elle n’avait rien avalé depuis au moins six heures, mais aussi qu’elle avait envie de faire pipi depuis presque une heure. Et maintenant il semblait qu’elle allait devoir attendre dans cette position jusqu’à ce que Miss Harper ait terminé son repas. Son besoin ne cessait de la torturer.
Bientôt, elle sentit une odeur merveilleuse venir de derrière elle.
« Voilà pour vous, ma chérie, avec le journal d’aujourd’hui. Je ne savais pas si vous auriez le temps de le lire ou pas, mais j’ai pensé que vous pourriez avoir envie de le consulter en mangeant. »
« Merci beaucoup, Madame Lancaster. C’est vraiment délicat de votre part. Ça n’est pas marrant de manger toute seule. »
Le cœur de Sarah fit un bon dans sa poitrine. Encore une fois, on la traitait comme si elle n’existait pas. Ou, pire encore, comme si elle n’était qu’une "quantité négligeable". Elle se demanda ce qui était le pire, et se sentit à nouveau au bord des larmes, alors qu’elle venait à peine de s’imaginer au top.
Sarah ne bougea pas d’un centimètre, tandis qu’Harper s’asseyait et commençait à dîner en feuilletant son journal, se régalant des spaghettis Bolognaise et de la baguette merveilleusement croustillante.
Les arômes chatouillaient le nez de la jeune fille et, vu les soupirs de contentement de sa préceptrice, ça devait être délicieux. Elle entendit les pages tourner pendant que Miss Harper mangeait et son estomac se contracta, humiliée par la façon dont on l’ignorait.
L’adolescente trouvait absolument odieux que quelqu’un préfère lire un journal plutôt que lui parler. Elle se demanda si la préfète était tout simplement méchante avec elle ou si, peut-être, elle mettait simplement de la distance entre elles, ne souhaitant pas être trop proche, du fait qu’elle était responsable d’elle.
Bon sang, elle ne s’y retrouvait plus du tout maintenant, à part sa fringale et sa vessie qui commençait à devenir douloureuse, elle ne savait plus où elle en était. Sa position d’attente, les jambes légèrement écartées n’arrangeait pas les choses. Elle n’osa pas imaginer le soulagement qu’elle éprouverait si elle pouvait seulement serrer ses cuisses. Cela aurait certainement été extraordinairement agréable.
« Tu as faim, Porter ? »
« Oh oui, Miss Harper. Je n’ai rien mangé depuis le déjeuner. »
« Je ne te demande pas de me raconter ta vie, Porter. Un simple oui suffira. As-tu faim ? »
« Oui, Miss Harper. »
« Regarde à tes pieds, Porter. J’ai fait tomber un peu de pain. Tu peux le manger, si tu veux. »
Au comble de l’humiliation, Sarah baissa les yeux sur ses pieds. Un petit crouton de pain était tombé par terre, à quelques centimètres des pieds de Harper.
Maintenant, elle avait la preuve que l’autre fille cherchait simplement à être méchante avec elle. Elle avait peut-être été étiquetée comme un animal, mais elle ne mangerait pas à même le sol comme une bête.
« Non merci, Miss Harper. »
« Très bien, comme tu veux, mais ne va pas dire que je n’ai pas été gentille avec toi. »
Sarah comprit que la préfète s’amusait à la manipuler psychologiquement, et qu’elle savait parfaitement bien comme en jouer. Elle était maintenant beaucoup plus partagée sur sa motivation.
« Bon, tu peux le ramasser, le remettre dans mon assiette et ramener tout ça à Madame Lancaster. Tu n’auras qu’à aller directement dans la cuisine. » Commanda sa préceptrice sans cesser de lire son journal.
Sarah se pencha sur le sol, et ramassa le morceau de pain. Elle avait l’impression d’être une servante maintenant plus que jamais, suivant quelqu’un comme un petit chiot, devant se tenir au garde-à-vous chaque fois qu’elle était en présence de quelqu’un – ce qui était déjà très humiliant – et maintenant il fallait qu’elle se comporte comme une boniche. Tout cela lui fit craindre que ses rapports avec Miss Harper soient un petit peu plus difficile à supporter qu’un simple bizutage innocent.
L’adolescente rangea le morceau de pain dans l’assiette, la ramassa avec les couverts et le verre, puis emmena le tout derrière le comptoir, dans la cuisine.
Elle fut un peu anxieuse que cela lui cause des problèmes, mais après tout, c’était Miss Harper qui lui avait ordonné d’aller directement dans la cuisine. Comme elle avançait timidement, elle aperçut Madame Lancaster, assise à une table en train de lire des livres de cuisine.
Sarah s’immobilisa à l’endroit où elle se trouvait et attendit d’être invitée à s’avancer. Les minutes passèrent, mais Madame Lancaster ne leva pas les yeux, ni ne lui montra quelque indice comme quoi elle l’avait remarquée. Au bout d’un moment, elle décida de mettre en avant sa politique qui consistait à faire ce qu’elle imaginait juste, tout en préservant les susceptibilités des gens. Aussi, décida-t-elle d’agir.
« Excusez-moi de vous déranger, Madame. J’ai apporté la vaisselle sale de Miss Harper. » Déclara-t-elle d’une petite voix.
Madame Lancaster ne bougea pas. L’adolescente commença à s’inquiéter. Elle savait qu’elle n’était pas sourde puisqu’elle l’avait entendu discuter avec sa préceptrice. Elle se dit alors qu’il fallait qu’elle soit plus hardie, après tout Miss Harper était en train de l’attendre. Elle s’avança donc avec anxiété, marchant aussi bruyamment que possible sur le sol dur en linoléum.
Cela sembla réussir, mais avant que Sarah ait pu ouvrir la bouche pour parler à nouveau, la femme assise releva brusquement la tête et la fixa avec une expression choquée. Inconsciemment, Sarah fit un pas en arrière.
« Que faites-vous ici ? » Cria presque Madame Lancaster.
« Excusez-moi, Madame, mais je rapporte la vaisselle sale de Miss Harper. » Répondit l’adolescente effrayée.
C’est à ce moment que la femme tendit ses doigts vers ses oreilles et en ôta les oreillettes qu’elle portait.
Aussitôt, Sarah put entendre la musique assourdie qui en sortait. Il n’était pas surprenant qu’elle ait pu être surprise.
« Mais que faites-vous donc ici ? » Répéta Madame Lancaster qui visiblement n’avait pas entendu la réponse précédente de Sarah.
« Je rapporte la vaisselle de Miss Harper, Madame. »
« Posez ça dans l’évier et remerciez Miss Harper pour sa gentillesse, ça m’évitera d’aller les chercher. »
Oui, se dit Sarah, pour sa gentillesse de me l’avoir fait faire.
« Et prenez un chiffon avec vous pour essuyer sa table. » Commanda Madame Lancaster en remettant ses écouteurs et en se replongeant dans ses livres.
« Oui Madame, » Répondit Sarah, en doutant que l’autre l’entendrait.
Elle prit le chiffon qu’on lui avait désigné et marcha rapidement vers le réfectoire, craignant un peu d’avoir été trop longue, mais Miss Harper était encore assise et lisait tranquillement son journal.
« Tu as pris ton temps, est-ce qu’il a fallu que tu fasses la vaisselle toi-même ? » Plaisanta la préfète.
« Non, Miss Harper, Madame Lancaster était en train… »
« Je m’en fiche, Porter. Tu peux ramener le journal à Madame Lancaster tout de suite et la remercier pour moi. Et replace la chaise, il faut qu’on y aille. »
« Oui Miss Harper. Madame Lancaster voulait vous remercier de votre gentillesse pour lui avoir fait ramener la vaisselle. Elle voulait aussi que j’essuie votre table. »
« Alors presse-toi, je n’ai pas toute la nuit. »
Sarah replia le journal et essuya la table, pendant que sa préceptrice marchait vers la sortie. Elle rangea la chaise et courut jusqu’à la cuisine, ne ralentissant que lorsqu’elle y entrait. Elle replaça le torchon dans l’évier et le journal sur la table de Madame Lancaster, la regardant dans l’attente d’un commentaire, mais la cuisinière ne leva même pas les yeux de ses livres.
« Miss Harper vous remercie pour le journal. » Dit-elle d’une voix hésitante.
Elle attendit quelques secondes, se demandant s’il lui fallait vérifier qu’elle était entendue, mais l’idée d’être abandonnée ici par Miss Harper lui faisait encore plus peur. Elle décida que c’était suffisant et sortit de la cuisine. À peine avait elle passé l’angle qu’elle se mit à courir à travers la cuisine, traversa le réfectoire en trombe et se précipita dans le couloir. Durant toute sa course, ses petits pas avaient résonné contre les murs, tandis que ses seins rebondissaient dans les demi-bonnets de son soutien-gorge et que sa jupe voletait autour d’elle. Si jamais elle avait perdu Miss Harper, son avenir dans l’école risquait d’être voué à l’échec, car elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait. Heureusement, à son grand soulagement, la préfète l’attendait dans le couloir, appuyée nonchalamment contre le mur.
« Il est l’heure d’aller faire dodo, Porter. »
L’escalier menant au premier n’était pas très loin et Sarah avait une idée fixe en s’y rendant : Elle allait enfin bientôt pouvoir se soulager. Son envie de faire pipi s’était transformée en pulsation sourde dans sa vessie. L’urgence lui fit réaliser qu’une fois de plus elle ne savait pas l’heure qu’il était. Comment pouvait-elle persévérer dans l’oubli d’une chose aussi simple que ça, et reproduire cette lacune presque tout le temps. C’était pourtant une curiosité qu’elle devait rendre automatique, car ainsi, elle pourrait se concentrer sur toutes les autres obligations sans y perdre la tête.
« Ton dortoir se trouve au second étage. Au premier tu trouveras les salles de classes et d’autres trucs sans intérêt. » Récita la préfète en commençant à monter les escaliers.
À sa première marche sur le sol moquetté, Sarah réalisa que porter des talons ne se résumait pas à ce qu’elle s’était imaginée. Elle avait presque complètement intégré la marche et même la course – en quelque sorte – sur des surfaces planes, mais les escaliers nécessitaient une autre habileté. Elle vacilla mais conserva son équilibre et finit par réussir à monter correctement jusqu’au pallier du premier étage.
« Une fois que tu te seras identifiée dans ton dortoir, tu ne dépendras plus de moi. Je ne veux pas te revoir avant demain, à l’heure du déjeuner. C’est à moi qu’incombe la corvée de te superviser pendant ton temps libre. Tu n’auras qu’à m’attendre à l’extérieur du réfectoire. » Continua sa préceptrice en escaladant la dernière volée de marches pour atteindre le second étage.
Les escaliers débouchaient sur un pallier qui n’avait qu’une issue. Un long couloir s’y étirait, vers la gauche, bordé de portes sur ses deux côtés. Le corridor était un peu plus lugubre que le reste de l’école, avec un seul jeu de lampes allumée sur deux. Cela lui conférait une ambiance qui lui donnait presque la chair de poule.
Tandis qu’elle suivait Miss Harper, elle remarqua que le plafond alternait les groupes lumineux avec de larges lucarnes en forme de dômes. Avec la nuit sombre, elle ne put y distinguer grand-chose, mais lorsque la lune et les étoiles n’étaient pas masquées, ça devait être splendide.
Le couloir se terminait sur un hall qui donnait dans une pièce très bien éclairée et remplie de filles. Sarah avait hâte d’entrer et de faire connaissance avec ses nouvelles camarades de classe. Des filles avec qui elle était sûre d’avoir plein d’affinités et, avec un peu de chance, avec qui elle pourrait se faire des amies pour la vie. Le bruit de fond, un léger brouhaha de murmures se dissipa alors que les deux filles arrivèrent à la fin du couloir. Sarah ne put voir la salle dans son ensemble car Miss harper la poussa dans l’embrasure de porte la plus proche du hall tout en frappant à la porte.
« Bonsoir Miss Peach. J’amène votre dernière fille. »
« Enfin, » Soupira une voix féminine, visiblement agacée.
Elle se prélassait dans divan situé sur l’un des côtés de la pièce en lisant une nouvelle. La première chose que Sarah remarqua fut que c’était la première personne qu’elle rencontrait à Harkwood qui était un peu ronde. Elle n’était pas grosse, elle… Remplissait seulement ses vêtements pensa l’adolescente, plutôt gentiment.
« Son matériel est déjà installé. Son lit est le quatrième sur la gauche. De toutes façons, son nom est sur le placard. » continua la femme allongée d’un ton dédaigneux.
« Euh… Miss Peach, J’espérais vous la laisser. Il faut encore que je retourne à mon dortoir. »
Miss Peach fixa la préfète par-dessus son livre. Puis ses yeux se posèrent sur Sarah qui regardait par la fenêtre, de l’autre côté de la pièce, à peine consciente de ce qui se passait autour d’elle.
« D’accord Harper, mais nous attendons de vous nous une nouvelle récompense en maths à la fin de ce trimestre. Il faut préserver ce record, voyez-vous. Sauvez-vous et je vais m’occuper de celle là. »
« Merci beaucoup, Miss Peach. Porter ! N’oublie pas, demain à l’heure du déjeuner.
Avec ça, la préfète sautilla littéralement hors de la pièce et s’élança le long du couloir, abandonnant Sarah aux mains de cette autre femme étrange, qui ne semblait pas du tout contente d’avoir été interrompue dans sa lecture.
« Par ici ! » Claqua la voix de Miss Peach en s’approchant d’une démarche chaloupée vers Sarah.
L’adolescente déboussolée n’eut que le temps de faire demi-tour et d’avancer de deux pas, avant d’être brutalement tirée par l’oreille vers l’intérieur du salon de Trinité. Miss Peach avait attrapé l’étiquette qui pendait à son oreille et la tirait sans ménagements vers un petit scanner situé contre le mur intérieur de la porte. La jeune fille trébucha vers l’avant, penchant tout le haut de son corps le plus possible vers la main de Miss Peach afin d’éviter que l’anneau ne s’arrache de son oreille.
Elle allait fondre en larmes lorsqu’elle entendit le BIP ! Puissant lui indiquant que sa position dans Harkwood venait à nouveau d’être enregistrée. Le son humiliant suffit à lui faire garder sa bouche fermée.
« 97817402, » Déclara Miss Peach en relâchant l’étiquette de Sarah, permettant à la jeune fille de se redresser et de se mettre aussitôt au garde-à-vous.
L’adolescente regarda l’indication qui s’affichait sur le petit écran d’ordinateur qui était fixé sous le scanner. Ça ressemblait à une alarme, mais il n’y avait pas de bouton, seulement le scanner fixé au mur et l’écran allumé.
« C’est vous Porter. 97817402. Je sais que vous manquez cruellement d’éducation, mais c’est votre faute. Vous auriez du arriver ici il y cinq jours. Je vous conseille aimablement de retenir votre numéro d’étudiante et vous avez intérêt à donner la bonne réponse. »
« Oui Mademoiselle. »
« Presque Porter, mais je suis la Maîtresse d’internat. Alors, pour me montrer le respect dû à mon rang, vous devez vous adresser à moi en m’appelant "Maîtresse". Maintenant réessayez. »
« Oui Maîtresse. »
Sarah pria sa bonne étoile pour réussir à conserver tous ces différents termes en mémoire.
« Vous vous trouvez dans le salon de la Maison Trinité. Chaque fois que vous y entrez ou en sortez, vous devez vous identifier en scannant votre étiquette. Si jamais vous rencontrez un problème et que votre numéro ne s’affiche pas, vous devez immédiatement le signaler à mon bureau. Savez-vous où mon bureau se trouve ? »
« Oui Maîtresse. »
« Lorsque vous sortez du salon en dehors des heures de cours, vous devez indiquer votre destination et l’estimation de la durée de votre absence. Toutes ces informations sont enregistrées pour s’assurer que vous n’êtes pas en train de flâner ou de traîner sans rien faire quelque part dans le domaine. Votre tuteur ne paye pas les sommes pharamineuses que coûte votre scolarité pour qu’elle soient gaspillées en frivolités ou en paresse, n’est-ce pas ? »
« Non Maîtresse. » Répondit Sarah en pensant à son "tuteur".
Elle ne savait pas encore comment elle réagirait à la présence de son beau-père qui l’avait envoyée ici. Cependant, une chose était sûre, elle lui serait reconnaissante de sortir diplômée de Harkwood.
« C’est dans ici que vous passez la plus grande partie de votre temps. Lorsque les cours se terminent, vous êtes sensées revenir ici et terminer tous les devoirs ou les tâches, quelles qu’ils soient, qu’on vous aura assignés. Regardez derrière vous, afin de savoir à quoi vous en tenir. »
Sarah se retourna et regarda les pensionnaires. Elles étaient toutes vêtues de la même façon qu’elle, dans le joli uniforme de Harkwood. Les filles étaient de toutes les tailles et de toutes les formes. Bien que de nationalités différentes, elles étaient toutes jolies et se tenaient toutes au garde-à-vous. Elles devaient avoir instantanément pris la position lorsque Miss Peach était entrée dans la pièce, se dit-elle. Certains petits groupes d’entre elles étaient contre de petites estrades disposées autour de la pièce et d’autres étaient seules, à proximité d’une série de micro-ordinateurs alignés contre un mur.
« Comme vous pouvez le constater, cette pièce contient tout l’équipement nécessaire pour que vous puissiez continuer votre éducation après les cours. Nous avons plusieurs estrades de présentation, des ordinateurs et plein de place pour les équipements spéciaux. Tout ce dont vous aurez besoin peut être déménagé des autres pièces et installé ici sans aucun problème, que ce soit à votre demande ou à celle de l’un de vos professeurs. »
Sarah regarda autour d’elle, détaillant les estrades que la Maîtresse de Maison avait mentionnées, elles s’élevaient à environ cinquante centimètres du sol et visiblement, une grande partie des filles s’y étaient assises. Il y en avait deux dans les coins les plus éloignés de la pièce sur lesquelles trônaient de petites barres métalliques rondes et brillantes qui montaient de leur centre jusqu’au plafond.
« La porte de gauche mène aux toilettes et aux douches. Celle de droite au gymnase particulier de la Maison. »
À ces mots, les yeux de Sarah zoomèrent sur la porte de gauche. Elle avait une envie frénétique de faire pipi. Cela faisait déjà si longtemps qu’elle attendait. En fait, depuis qu’elle avait dû fournir l’échantillon d’urine à l’infirmière. Commencer à se soulager et ensuite avoir été obligée de s’interrompre si rapidement avait terriblement exacerbé son envie.
« Excusez-moi Maîtresse, puis-je aller aux toilettes ? » Demanda abruptement Sarah.
« Ne m’interrompez pas, Porter ! Droit devant vous, se trouve votre dortoir. Votre lit est le quatrième sur la gauche. Vous trouverez un scanner sur chacune des portes et un à l’entrée du salon principal. Vous devrez vous identifier à chaque fois que vous changez de pièce. L’ordinateur principal contrôle le logiciel d’identification que vous utilisez à chaque fois que vous scannez votre numéro. Imaginez le travail qu’il fallait fournir pour pister les étudiantes avant que nous ayons ces scanners. À ce sujet, les quatre dernières années auront été brillantes. »
Sarah était au bord de la crise. La façon dont sa requête avait été rejetée lui avait rabattu le moral. Si on ne l’autorisait pas à aller se soulager très bientôt, elle irait quand même, et de son propre chef. Tant pis pour les conséquences, bordel !
Ces pensées la firent sourire avec dédain. Elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle redoutait trop les conflits – même avec sa mère – et qu’elle détestait quand les gens étaient en colère contre elle.
Après tout, c’était peut-être ça qui faisait d’elle une si bonne élève, et c’était aussi certainement pour cette raison que ses anciens professeurs l’aimaient tous.
« Vous retrouverez votre lit et votre matériel scolaire plus tard. L’eau chaude sera active d’ici deux minutes. » Fit remarquer Miss Peach en jetant un coup d’œil sur la pendule.
Bon sang, pensa Sarah, elle avait encore oublié de regarder l’heure. Ça commençait à devenir sa bête noire.
« Eau chaude pendant dix minutes. Extinction des feux à Vingt-et-une heure. Réveil à Six heures. Je n’ai plus de temps à gaspiller avec vous ce soir, les autres filles pourront compléter. »
Et sur ces mots, la Maîtresse d’internat sortit du salon, abandonnant Sarah en position d’attente, se demandant ce qu’elle devait faire. Lorsqu’elle vit toutes les autres filles se détendre visiblement et la regarder, elle se relaxa. Ses yeux errèrent sur les filles rassemblées autour d’elle. C’était un étrange statut-quo et personne ne bougeait. Sarah décida que comme c’était elle la nouvelle, c’était à elle de faire le premier pas. Après tout, ces filles allaient peut-être devenir ses meilleures amies pour les prochains dix-huit mois.
« Salut, je m’appelle Sar… »
DRING ! Une petite sonnerie retentit à la porte de gauche et toutes les filles s’y précipitèrent, abandonnant l’adolescente médusée, toute seule dans la pièce vide.
Et bien ça commence bien, se dit-elle avec un sentiment d’abattement terrible.