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Les révelations d'Ariella 35
précédant

Par Donatella

 

 

Les révélations d'Ariella – poèmes vécus

Quelle chance merveilleuse pour Ariella d’avoir connu Maîtresse Isabelle. Elle a pu se réaliser, s’épanouir de la plus belle façon. Elle n’avait plus d’âge enfin. N’est-ce pas l’apanage des femmes de ne pas avoir d’âge. Ce n’est pas seulement par coquetterie que nous couvrons d’un voile pudique le nombre d’années depuis notre naissance. Nous sommes toujours naissantes. La vie d’Ariella en est la plus belle démonstration ; parce qu’elle s’est donnée corps et âme à chaque dame rencontrée, elle vivait si intensément le présent – or le présent d’une femme n’est-il pas la convocation instantanée de tous les temps depuis l’origine du monde jusqu’à son crépuscule ? – qu’elle est à la fois fillette, adolescente, jeune fille, femme mûre,, vieille dame et inversement. Cyclique. Mais il y a des points d’harmonie qui ne devraient s’écrire qu’avec des larmes de bonheur. Ariella a sangloté plusieurs fois en retrouvant dans sa mémoire affleurer les tensions de son corps que Maîtresse à ouvert pellicule après pellicule. Effeuillée, plus nues que jamais ses fesses sont devenues plus rondes. Mais… 

Donatella (émue).

 

Le dépit et le chagrin

Que l’on m’excuse d’avance si ce dernier chapitre risque d’être plus court que les précédents. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas certaine de pouvoir transcrire de façon correcte la crise la plus imprévisible qui soit. Je doute d’en avoir même envie, tellement quatre ans après je suis encore totalement affectée par le dénouement de ce que j’ai vécu de plus exceptionnel dans ma vie.. D’ailleurs ni l’une ni l’autre n’avons pu contenir notre émotion : nous n’avons eu que les larmes pour dire chacune le dépit qui nous a assaillies, non pas des larmes de joie, loin de là mais des larmes de tristesse. Le chagrin. Le très profond chagrin. On sait qu’une Maîtresse dompte une soumise ; il n’est pas prévu qu’elle se mette à l’aimer au point de s’offrir entièrement nue à sa jeune langue et ainsi de s’exposer à l’amour et aux chagrins qui l’accompagnent quasi invariablement.

Si j’étais encore un peu farouche quelques mois auparavant, je ne l’étais plus du tout après avoir « gouiné » ma Maîtresse. (J’aime bien ce mot un peu vulgaire de « gouiner » ; comme le mot « con » pour dire ce que Madame offrait à ma vue – on pourrait dire offrait à ma vie, tellement ce fut pour moi si initiatique – et en même temps le caractère paillard est mieux approprié pour dire ce qu’est sucer, boire, aspirer même mâchouiller les babines frémissantes d’une dame qui s’offre aux gestes de l’amour). Si elle n’avait pas eu l’intention de me rendre cet orgasme en prenant mon cul de sa main toute entière et si elle n’avait pas eu ce sourire rempli de compassion et de folles pensées, je me serais inquiétée : une maitresse s’interdit de s’emmouracher d’une pette victime (consentante bien sûr) ; je ne l’ignorais pas. En revanche j’ai senti très intuitivement dès les premières minutes de notre rencontre que je tomberais amoureuse d’elle, mais aussi qu’elle-même risquait de l’être un jour à son tour. Elle m’avait précisé que si la complicité est nécessaire, d’amour il n’est pas question. Et pourtant… C’est vrai qu’il faut se prévenir de l’amour, il peut provoquer des ravages, ou tout du moins des chagrins terriblement difficiles à guérir. N’est-ce pas le lot de toute passion que de s’éteindre lorsqu’elle a tout consommé sur son passage dans l’incendie qui s’est emparé de tout ?

Comment s’est arrivé ?  Le 19 du mois suivant Maîtresse m’avait donné rendez-vous dans un autre motel de la région. Il faisait beau, les jours étaient plus longs, la nuit tombait plus tard. Je fus la première à me présenter à la réception. J’étais très en avance. Après une douche, j’ai fait une promenade, et parce que la vie est un conte, comme les contes elle est faite d’échos inattendus. En effet, je suis entrée dans un bazar où il y avait toutes sortes de marchandises. D’un regard furtif je me promenais dans les allées surchargées d’objets plus ou moins rutilants quand d’un seul coup mes yeux se sont posés sur une très jolie poupée avec de vrais petits habits, une robe de couleur claire, des rubans, une longue culotte comme les filles d’autrefois et un chapeau de paille. Son visage était adorable (j’ai eu l’audace de me comparer à elle quand j’étais plus petite). Elle était blonde comme moi, un joli sourire. Sans hésiter une seconde je l’ai achetée. Je frétillais à l’idée de l’offrir à Isabelle. Je suis revenue à l’hôtel, regardant le soleil descendre à l’horizon. Quand il se fut assoupi et que la lumière s’est faite plus blanche avec des caresses de bleu, la nuit n’a pas tardé. Elle amenait avec elle, la voiture de Maîtresse que je guettais à la fenêtre. Je me suis précipitée à sa rencontre et l’ai aidée à porter son grand sac. Nous avons gagné la chambre. Elle a adoré cette poupée. Elle l’a appelée aussitôt Arielou. Je crois qu’elle était vraiment émue, mais il faut dire que cette poupée était étrangement émouvante, vraiment. Elle ne la quittera jamais ; elle l’avait près d’elle après avoir déménagé dans le midi de la France, elle l’avait aussi lorsque Maîtresse fut hospitalisée à Marseille… (Oh Maîtresse chérie !).

J’ai pris une seconde douche. Puis je suis venue en culotte (Madame aimait bien que je me présente en culotte pour le plaisir de me déculotter – divin mot !). Sans attendre - Maîtresse qui était en retard pour avoir été retenue, m’exprimait une vive impatience de se jouer de mon corps -, je reçus l’ordre de m’allonger sur le ventre ; ce que je fis. Dépouillée de ma culotte, Maîtresse restant vêtue, j’attendais mon sort. Une ou deux minutes plus tard je recevais sur la colonne vertébrale une première goutte de cire. J’ai sursauté. Puis une deuxième. Je ne m’attendais tellement peu à un tel traitement, je m’y étais si peu préparé que ces gouttes brûlantes étaient comme des flèches aiguisées qui me transperçaient les chairs. Je gigotais. Maîtresse se fâcha une première fois, mais continua à tracer sur mon échine hyper-sensible une ligne continue et assez large. Avant que la cire ne se solidifie, elle y déposa des bougies allumées. C’était atroce, et ça l’était d’autant plus que je venais de passer un temps, guillerette, patiente, sans ne rien projeter d’avance et si heureuse de cette poupée et surtout de retrouver Madame.  Et là,  maintenant Maîtresse faisait de moi un chandelier. Je me suis rebellée malgré moi. J’ai crié car ça me faisait très mal. Je tapais avec mes mains sur le lit. Maîtresse n’était pas contente du tout. Elle me trouvait indocile. Elle me trouvait absente, contraire à ses projets. C’était la première fois qu’en effet j’osais refuser une décision de Maîtresse. Elle le prit très mal. Retira les bougies, nettoya les traces de cire. Je me revois un peu après assise à côté d’elle au bord du lit, pleurant toutes les deux. Jamais une Maîtresse ne pleure devant sa soumise ; Isabelle, mon amour, pleurait à cause de moi, je pleurai aussi à cause de moi, j’avais eu mal et n’arrivais pas à supporter la cire. Nous étions à la fois hyper-unies dans la douleur et en même temps une vitre nous séparait. Cette paroi vitrée est tombée ente nous avec le tonnerre du malentendu. Nous rêvions l’une et l’autre de cette nouvelle nuit. La précédente fut si belle, si pleine de promesses que cette situation provoqua un chagrin instantané, un dépit incommensurable, de la colère même de la part de Maitresse qui avait perdu son sourire légendaire. Elle remit tout dans son sac, sa décision était prise, à peine une demi-heure après son arrivée, Madame repartait me laissant en pleurs, seule dans cette chambre. Je l’ai raccompagnée à sa voiture. Le sort s’acharnait : je me rappelle qu’elle n’arrivait pas à manœuvrer, sa voiture était coincée par une autre. Je la guidais de l’extérieur : elle n’arrivait pas à partir et moi je l’aidais à le faire. Quelle folie ! Quelle folie ! Le dépit prend parfois de telles formes qu’on ne cesse de tomber dans un trou sans fond alors qu’on n’aspire qu’à s’envoler dans le ciel.

Maîtresse était partie, emportant la poupée et son obole. Et moi comme une gourde, petite fille abandonnée, je passais la nuit dans cet hôtel. Tout me semblait être un rêve. Au matin, tout s’était envolé, comme si ma déesse d’hier était retournée dans les Cieux de l’Olympe. Comme si j’avais rêvé. Le petit matin était frais. J’ai regagné le RER après un petit café crème. Je n’étais venue là, hors du monde, uniquement pour donner chatte, cul et mamelles, uniquement pour des jeux de sexe, pour être humiliée et aimée à la fois, et je n’avais pas été prie. Je n’avais pas servi. La méprise était consommée, la nuit avait tout enfoui. J’étais étonnée de ne rien sentir de particulier, rien de plus qu’après un film marquant ; sauf que ce film avait duré plus de dix ans, qu’il avait commencé avec le petit cul d’Yvette et qu’il venait se terminer en fait entre les cuisses ouvertes de Maîtresse Isabelle. Quand je quittais Cergy, car c’est là que ça s’est passé, je me  mise à réaliser le drame de la veille. Peu à peu ce qui s’était, semble-t-il, évanoui avait bel et bien existé, mon corps en portait les traces – moins physiques que cérébrales. Puis ma méchante mémoire remonta de ses caves pour m’assaillir de parfums, de touchers, de sons de la voix de Maîtresses, puis de tout ce qu’elle m’avait divinement fait découvrir. Une pluie de larmes coulait à l’intérieur de moi. Je faisais bonne figure en public, mais en fait en moi c’était les grandes eaux. Pourtant le comble n’était pas atteint.

Je réalisais ce que m’avait dit Maîtresse : elle partait le lendemain matin en vacances pour un temps indéterminé et je ne pourrais pas la joindre. C’est même pour ça qu’elle voulait qu’on se voie avant son départ. Au fond de moi la crise décupla. Ma solitude était telle que le sol se dérobait sous mes pas ; j’allais mourir étouffée dans les sables mouvants. Quel malheur ! Vraiment, j’ai connu les abîmes du malheur…  Ce n’était pas vrai, pas possible, une telle histoire ne pouvait pas se terminer comme ça. Et pourtant, c’était bien vrai : je ne pouvais pas lui envoyer de mail, pas de SMS, pas la joindre au téléphone et je n’avais aucune adresse pour lui envoyer la moindre lettre. Et dire que quelques heures plus tôt, nous devions nous adonner comme personne à des jeux sexuels des plus secrets, je devais lui livrer fesses, chatte et seins, langue et doigts. En plus en partant, ses larmes pas encore séchées, elle m’avait dit qu’elle avait établi un programme très excitant pour elle comme pour moi. ; je n’ai jamais su ce qu’elle avait prévu… Loin de moi, évidemment pas seule, penserait-elle à moi ? Je n’en pouvais plus, j’ai quand même envoyé mail sur mail, elle les retrouverait à son retour. Je lui demandais pardon. Quand elle revint elle me laissait à mon triste sort. Puis un jour, longtemps après, peut-être après l’été, nous avons repris contact par mail. Elle m’avoua qu’elle ne m’avait jamais oubliée ; Non seulement, mais elle avait fait des photos dont une qui la montrait entourant de ses bras la réplique en marbre de la peinture de la Venus de Botticelli qui figure dans mon tout premier chapitre ( !). C’était Aphrodite à laquelle elle me comparait volontiers. J’étais très émue. Elle me dit également que ses amies l’avaient dissuadée de tomber amoureuse d’une soumise, mais que tout en les approuvant, elle restait secrètement amoureuse. Cela me rendait folle de joie. Mais elle savait que quelque chose était cassé et qu’il faudrait beaucoup de temps pour reprendre ces « leçons de maintien », une façon de ne pas dire « dressage » même si c’était le cas. (A ce sujet, j’ai oublié de dire que lors de la séance sublime, elle m’avait dit que si je continuais à être aussi sage – ce qui voulait dire aussi docile et obéissante – elle aimerait me présenter à l’un de ses meilleurs amis un dominateur belge avec sa jeune soumise pour ajouter du piment à nos jeux coquins. J’avais peur des hommes et de leurs gros  membres…

Alors que Maîtresse avait laissé entendre que le temps de me reprendre en main se profilait à l’horizon, elle m’annonça qu’elle allait déménager subitement pour vivre dans le Sud ; son mari avait été muté, et elle le suivait. Il a fallu beaucoup de temps pour qu’elle m’envoie des photos de séances assez hard qu’elle organisait avec des soumises du midi. Puis plus rien. Pourtant j’étais parfois prise d’une telle excitation exaltée par ma mémoire que je ne pouvais m’empêcher de l’appeler. C’est comme ça que j’ai appris qu’elle avait entrepris une cure d’amaigrissement avec traitement chirurgical. Elle m’envoya des photos d’elle, c’était spectaculaire. Elle eut la gentillesse de m’en envoyer une où on pouvait voir, sous sa jupe « négligemment » remontée, le triangle de chair pâle de son aine, celui que je lui avais volé du regard alors que je suçais ses escarpins. Quelle excitante dame ! Nous parlions souvent pendant des heures au téléphone, je lui écrivais tous les jours des choses qui l’excitaient au point qu’ensuite elle se masturbait bien souvent jusqu’à l’orgasme en les relisant. Mais nos conversations étaient très diverses. Elle était prête à venir à Paris, je l’aurais invitée chez moi (j’avais un studio que m’avait acheté Edwige). Elle me décrivait ce qu’elle aimerait me faire et c’était complètement enivrant. Elle avait envie que je la lèche et lui suce le sexe de multiples façons. Elle m’a donné son adresse, je lui ai envoyé le livre que je n’ai pas envoyé à Maitresse Laurence. J’avais raconté cet épisode à Isabelle qui m’a trouvé sotte d’avoir craint quoi que ce soit….  Puis le malheur l’a poursuivi. Elle a eu des complications médicales qui l’ont obligée à un long séjour à l’hôpital et quelques temps après elle a perdu son père, ce qui l’obligea de se rapprocher de sa mère à Fréjus. Il était devenu impossible de la joindre. Un samedi matin elle m’a téléphoné. Je n’ai eu que son message ; c’était totalement inattendu. J’ai été immensément émue de voir qu’elle ne m’avait pas oubliée, mais sa voix était faible ; elle ne viendrait pas à Paris et je ne voulais pas l’importuner dans le  Sud. Je pense souvent à elle.

A la faveur de cette remémoration, je vais lui envoyer un courrier postal. Maîtresse Isabelle fut et est restée ma Reine, mon idéal. J’ai eu l’immense privilège de la rencontrer. C’était pour moi le  bon âge, de 19 à 20 ans. Mes fantasmes avaient suffisamment agi sur moi, j’étais prête à découvrir toutes les subtilités d’une dame dominatrice qui depuis son adolescence a compris qu’elle ne se réaliserait qu’en dominant son entourage et c’est donc naturellement qu’Isabelle est devenue Maîtresse Isabelle et que Grâce à Dieu, j’ai eu l’honneur de profiter de son grand art. Je sais trop comment le monde est petit, mesquin, hypocrite, mensonger, en un mot pervers (ce ne sont pas les filles comme moi qui sont perverses, ce sont les autres), mais si le mondel était plus vrai et s’il était tourné vers la vie plutôt que vers la destruction, il pourrait ou devrait reconnaître que Maîtresse Isabelle est une Sainte, une personne de très haute qualité qui a donné et provoqué plus d’Amour de n’importe qui. Je n’ai plus qu’un mot à ajouter à mon long périple, en forme de signature : « Je vous aime ».

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